On ne compte plus les formations ou coachings censés nous aider à traiter avec les personnalités difficiles, les profilages psychologiques fleurissent qui vous promettent de savoir comment vous en tirer face à telle ou telle personne ou conversation. Et pourtant, il n'y a pas de personnalité difficile.
Comme souvent, c'est en discutant popotte avec des personnes qui partagent mon métier ou mes centres d'intérêt que l'idée de cet article a émergé. Tel ou tel expert en (faites votre choix) : AT/MBTI/DISC/FIRO-B/TKI/MTRi... vous assure que sa technique permet à qui l'utilise de gérer son relationnel avec n'importe quelle personnalité, notamment avec quiconque vous insupporte. Vous savez ce que je pense de ces différents types de profilage, j'aimerais donc m'arrêter sur cette notion : il existerait des gens, des personnalités difficiles.
Bien entendu, je ne vais pas tout de go nier que parfois, telle ou telle personne peut provoquer chez d'autres des crises d'urticaire, c'est-à-dire que je ne vais pas nier le ressenti. Je vais même plutôt partir de ce ressenti. Des tensions naissent, qui n'ont souvent rien de rationnel d'ailleurs, et persistent jusqu'à évaluer ensuite tout ce qui sera dit ou fait entre vous et cette personne à l'aune de ce filtre négatif. Au delà des noms d'oiseaux, qui dans le meilleur des cas sont gardés pour les oreilles des collègues, le relationnel se dégrade jusqu'à devenir "insupportable".
Et pourtant, ça ne concerne que vous. Un premier pas vers cette prise de conscience peut être de réaliser que cette personne insupportable est mariée, a des enfants, un groupe d'amis qui l'aiment et la trouvent géniale. Elles adorent sa personnalité. Une autre approche peut être de réaliser, en discutant avec d'autres membres d'un même groupe, que les autres ne vont pas si loin dans le qualificatif, et que cet "insupportable" peut être juste "parfois un peu pénible", voire "super-sympa-avec-moi-je-comprends-pas-de-quoi-tu-parles". Vous l'avez compris, il s'agit d'accepter cette réalité que votre jugement sur cette personne, indépendamment de tout le reste, vous appartient, à vous uniquement : c'est votre avis. Qu'il soit partagé ou pas n'y change rien.
Jusqu'ici, on peut se dire qu'on est encore dans le domaine de l'évidence. Reconnaître que mon avis sur quelqu'un, après tout, n'est que le mien, peut être acceptable, parce que je peux continuer à prétendre que c'est lui, sa personnalité, le problème. Tirons le fil logique : si c'est mon avis, c'est qu'il ne s'agit que de mon expérience avec cette personne, cette personnalité de mon interaction, prenant en compte mon vécu, ma vision du monde.
Au final, si je devais formuler ça en termes de problématique, ce n'est plus la personne qui est insupportable, c'est moi qui ne la supporte pas. C'est-à-dire que le "problème" est en moi. Il est rare d'arriver à cette conclusion par soi-même, sans travail ou accompagnement même léger, parce que l'égo va nous envoyer tout un tas de justifications pour valider cette "insupportabilité" comme étant externe.
Et pourtant, si je trouve cette personne insupportable, c'est un problème interne. Dans ma vision du monde, cette personne valide tout les points que j'estime correspondre à ce qui est insupportable pour moi. Dit autrement, avec les mots de Marie Miyashiro : "les gens ne sont jamais difficiles [...] ils posent des actes qui sont au delà de nos propres capacités actuelles de connexion, de compréhension, et de communication". Au final, notre interprétation des autres dépend de notre propre histoire personnelle.
De ce fait, ces gens-là peuvent nous être précieux, en ce qu'ils nous permettent de porter l'attention sur nos besoins insatisfaits.
Pourquoi ? Comment ? Cela relèvera d'un prochain billet. Mais déjà, quel changement décelez-vous dans votre perception de ces personnes ? De ces conversations ?
Les « gens difficiles » pourraient être simplement qualifiés de « gens différents » de nous-mêmes, de nos codes, nos références et c’est justement cette difference qui est parfois difficile à gérer pour nous…
Cette difference heurte notre propre fonctionnement. Effectivement le fait de se dire que quelque part quelqu'un aime cette personne aide àrendre le relation moins difficile ou pénible...
Effectivement, et en faisant cela nous reprenons la responsabilité de nos propres jugements (et ressentis).
Cela me fait penser au «Bocal à cons» de Sylvaine Pascual, est-ce que tu connais? Guide de survie aux abrutis: Le bocal à cons: http://www.ithaquecoaching.com/articles/guide-de-survie-aux-abrutis-le-bocal-a-con-814.html et Comment sortir d'un bocal à cons: http://www.ithaquecoaching.com/articles/relationssortir-bocal-a-con-2615.html
Je ne connaissais pas. L'idée est amusante, et je comprends bien l'idée de prendre une distance émotionnelle. Mais ensuite, je vois assez mal comment aller vers l'empathie à partir du moment où on a étiqueté la personne comme "con" et où on s'y réfère sans cesse de cette manière. En fait, cette manière de procéder enlève pour moi un aspect essentiel de toute communication empathique, qui est la sincérité dans le relationnel : si je pense que c'est un con, comment être sincère dans la volonté de restaurer une relation authentique ?
C'est assez intéressant, d'autant plus que je me posais les mêmes questions récemment en observant une collègue du bureau, à savoir: Et pourtant, elle a des amis, est mariée, etc. Comment font-ils pour la supporter? Puis, je me suis mise à penser que c'était peut-être en moi que se trouvait le problème... Il faut également mentionner que je ne suis pas la seule au bureau à la trouver difficile, mais c'est une autre histoire... Merci beaucoup!
Merci beaucoup pour ce témoignage, Lydie ! Avez-vous une idée du besoin que pourrait avoir cette personne (connexion, reconnaissance, appartenance, autonomie...), qu'elle chercherait à combler en agissant comme elle le fait ? Cela peut être un début de piste (ou pas, on ne va pas résoudre la situation en commentaires 😉 ) Merci encore !
[…] de plus vers des relations pacifiées. Aussi étrange que ça puisse paraître au premier abord, il n’existe pas de personne ni de situation « difficile ». La difficulté est en nous, de nous relier à cette personne ou à cette situation. Et plus nos […]