Soyons clair, les temps actuels n’ont rien d'évident pour les études. De plus en plus d'ados se retrouvent à devoir jongler entre un ENT plus ou moins rempli et des cours où, apparemment, l'apprentissage de la prise de note est oubliée de l'enseignement.
Ce sont ces ados informatisés qui m’intéressent ici plus particulièrement.
L'accélération de la numérisation de nos ados a été très forte pendant la pandémie. Avec la difficulté de mise en place des débuts, vous aurez évidemment remarqué l’impossibilité de se connecter correctement à l’ENT et le fait que, pour continuer à assurer leur mission, la plupart des profs se sont mis à vous envoyer tout cela… par email !
Même si la situation est revenue à la normale, c'est-à-dire avec des cours en présentiel, beaucoup de devoirs à faire, cours et corrigés sont désormais envoyées via l'ENT. Deux conséquences : si votre enfant n’est pas en âge d’avoir sa propre adresse, vous avez d’un coup une surcharge dans votre propre inbox ; et s’il a la sienne, vous aurez peut-être remarqué d’un coup son œil hagard et miséreux à l’ouverture : « euh… P’pa… par quoi je commence ? ».
Ce même regard que vous avez peut-être déjà constaté chez vos collègues, ce regard qui est peut-être parfois le vôtre lorsque vous allez « faire vos mails ».
Nos ados se retrouvent donc confrontés d’un coup à une réalité de notre monde d’adultes : la déferlante d’informations (pas toutes pertinentes) à traiter pour pouvoir trier le bon grain de l’ivraie et définir, in fine, « quoi faire ».
« Fais tes devoirs » est subitement devenu un brin plus complexe…
Parce que faire ses devoirs commence maintenant par d’abord comprendre ce qu’on demande, exactement, de faire. Sans prof pour le présenter en classe à l’avance ni même pour répondre dans le moment (et parfois pas davantage par email), votre ado va devoir définir son travail avant même de pouvoir commencer à le faire.
C’est pourquoi j’aimerais vous donner aujourd’hui la méthode la plus à même de s’en sortir (et à vous-même aussi si vous ne la pratiquez pas déjà). Il s’agit d’appliquer un arbre de décision à l’inbox de votre progéniture. Comme je l’ai fait également à la maison.
La première chose à faire est de trouver un système pour noter les tâches à faire. Vous pouvez utiliser ce que vous voulez, mon ado étant sur Gmail j’ai opté pour la simplicité et je l’ai invité dans un premier temps à utiliser les Google Tasks (accessibles depuis les emails, icône bleue dans la barre sur la droite). Un des grands avantages est qu’il lui suffit de glisser-déposer un emails dans les tâches pour en créer une nouvelle, celle-ci pointant en retour par un lien vers l’email.
D’abord, la mise en place.
Dans Google Tasks ou tout autre logiciel ou carnet de votre choix, créez trois listes : à faire, plus tard/peut-être, en attente. Dans l’ordinateur de votre ado (ou dans son dossier sur le vôtre), créez trois dossiers : en cours, référence, archives.
Voilà, c’est tout.
Ensuite, la méthode.
Tout email donne lieu à l’une des 6 décisions suivantes, réparties en 2 catégories : a) les emails qui provoquent des actions, b) ceux qui n’en nécessitent aucune.
Dans la seconde catégorie ("rien à faire"), vous avez 3 cas de figure :
Dans la première catégorie ("quelque chose à faire"), vous avez là encore 3 cas de figure :
J’attire votre attention sur ce dernier point : il faut que le titre de la tâche soit bien une action. Avec un verbe d’action. Mettre « faire l’allemand » n’a aucun intérêt, parce que votre ado devra relire ensuite l’email correspondant pour retrouver ce que « faire » veut dire exactement. Mettez l’action exacte : « faire les ex. 3 et 4 p. 45 », ou « réviser les verbes sein et haben » ou « tracer les bissectrices de l’ex. 4 et mesurer les angles opposés ». Du concret !
Il faut qu’en lisant la tâche, on comprenne exactement ce qu’il s’agit de faire.
Ainsi, une liste inutile, comme celles que je vois chez 90% des gens en entreprise, ressemblerait à :
Des listes utiles ressemblent à ça :
Vous voyez la différence ?
Je suis sûr que oui. Et vous (ou votre ado) avez peur en même temps du temps que vous craignez devoir passer à écrire à ce niveau de détail. Je peux vous l’assurer, et l’expérience vous le prouvera, votre ado gagnera énormément de temps en écrivant ces tâches à ce niveau de détail plutôt qu’en relisant 4 fois le même email pour retrouver toujours la même action qu’il n’a pas encore faite… la frustration en plus. Sans compter le gros soupir de fatigue anticipée à la lecture de "faire l'allemand" versus "apprendre la conjugaison de sein au présent". En somme, ici, plus c'est précis, moins ça fait peur.
Cerise sur le gâteau, s’il faut rendre la tâche au prof à une date définie, vous pouvez ajouter une date dans Tasks et faire un tri de la liste par échéance, de façon à voir le plus pressé en premier. S’il n’y a pas d’échéance particulière, surtout n’en mettez pas ! Ça ne sert à rien de s'obliger à faire un truc pour mardi si on peut aussi bien le faire lundi ou jeudi. Le mieux, c'est encore de le faire quand c'est le meilleur moment.
Invitez votre ado à pratiquer cela : il s’agit dans un premier temps de vider l’inbox (car oui, une fois que vous avez trouvé quoi faire de l’email, vous pouvez le sortir de l’inbox) pour arriver à 0, tout en remplissant des listes de tâches précises à faire.
Que faire de l’email une fois qu’on a défini la tâche ?Je me répète au cas où vous auriez manqué l'information : à archiver (pour pouvoir retomber dessus en cliquant sur le lien de la tâche correspondante par exemple) ou à jeter (s’il ne contient aucune info ni rien d’intéressant).
À l’arrivée, il aura une boite e-mail vide, et des listes de tâches utilisables :
Ses dossiers contiendront, eux :
Quand il ou elle aura identifié tout cela, la routine quotidienne consistera à lire toutes les tâches et choisir celle qui lui paraît la plus pertinente… et ne soyez pas étonné si votre ado se met tout d’un coup à faire les choses !
Je vous laisse essayer et revenir vers moi si vous avez des questions.