À la fin d'une présentation de GTD donnée récemment à un collège de décideurs d'une société multinationale, l'un des pontes m'a posé la question qui le taraudait depuis le début : "avec tout ça, je ne sais toujours pas à quoi ressemble ma journée type". C'est normal.
J'avoue très humblement n'avoir pas eu la réponse aussi nette que celle que je vais donner dans ce post. Sur le moment, je lui ai décrit ma routine personnelle : calendrier pour voir à quoi ressemble la journée, puis liste de prochaines actions pour voir ce que je peux faire et comparer éventuellement avec l'imprévu ; et vidage de toutes mes boites de réception deux fois par jour pour définir le travail. Il y a là dedans la réponse, mais je vais la détailler.
En fait, ce dirigeant était en recherche d'un processus réglé qui lui présente son travail sans qu'il ait forcément à décider quoi faire. Or, il me semble que GTD n'est pas exactement cela : ce que GTD va nous présenter, ce sont toutes nos options possibles, ce qui va au contraire nous obliger à décider quoi faire, sur le moment, en fonction de ce qui se passe (mais pas "comment" ni "pourquoi", ces deux choses là ont été définies en amont). C'est l'une des raisons pour lesquelles on ne planifie jamais aucune tâche qui n'ait d'échéance externe réelle, et aussi pourquoi on n'affecte pas de priorité aux tâches a priori : la priorité se fait jour sur le moment. En n'ayant sur mon agenda que rendez-vous et réunions, tout le reste est libre soit pour accueillir l'imprévu, soit pour faire ce qui est sur mes listes d'actions à faire. Je décide, sur le moment, ce qui est le plus pertinent. C'est pourquoi finalement, je ne peux pas vraiment avoir de journée type. Mais il y a une autre raison, qui fait que cette question n'a pas tellement de sens, en fait. Cette raison mérite sa ligne à elle toute seule. il n'existe pas de journée type
A posteriori, je pense que c'est la question que j'aurais dû lui poser en retour : "Avez-vous une journée type ? Les responsabilités qui sont les vôtres aujourd'hui supportent-elles un processus qui formaterait toute la journée ?" Je suis certain de sa réponse, négative. Dans le travail en entreprise tel qu'il est vécu aujourd'hui en secteur tertiaire, il n'y a pas deux jours si semblables en termes de réalisation qu'on puisse en créer un processus type, au delà de "je vais au boulot". Notre monde évolue si rapidement qu'il est nécessaire de pouvoir créer de la place afin de pouvoir gérer l'imprévu. Il est donc impossible d'avoir une journée type. Tout au plus peut-on, et même doit-on, créer une routine, qui se réduit à sa plus simple expression : un cadre permettant d'accueillir ce qui vient, et de pouvoir estimer les priorités à la volée. Un voilier ne saurait rejoindre un point B depuis un point A en ligne droite que dans des circonstances exceptionnelles ; dans la réalité, il doit tenir compte des conditions météorologiques pour tirer ses bords et naviguer au mieux. Être capable de s'adapter à ce qui se passe dans l'instant, tout en gardant constamment le cap sur ce qu'il faut faire : c'est justement ce que permet GTD, et qu'aucune autre méthode de gestion du temps ne propose. C'est ce qui était contenu dans ma réponse sur le moment : le calendrier, les actions suivantes, le vidage des boites de réception, voilà ma brève routine. Tout le reste change tous les jours.
Mais je suis curieux : avez-vous une routine ?
Très bon article. C'est ça qui fait la "beauté" du GTD. On reste maître à bord:-) et on ne devient pas esclave du système. S'avoir s'adapter en toutes situations...avec quelques points d'ancrage...Merci pour votre partage. Je viens de lire le livre "S'organiser pour mieux réussir" et suit en train de le mettre en pratique.
Merci pour votre commentaire : c'est tout à fait ça ! Bon courage dans la mise en pratique ! Il y a déjà beaucoup de choses dans le livre, n'hésitez pas à passer ici si vous avez des questions.
C'est génial Stephan ! A l'occasion, on pourra en reparler !
Avec plaisir;-)
Encore un excellent article. Je pense qu'il est peut-être plus utile de penser en termes de journée idéale qu'en ceux de journée type. À l'évidence dans le monde de l'entreprise en ce début de vingt-et-unième siècle, il serait bien difficile de s'en tenir de façon rigide à une telle journée-type. Il n'en reste pas moins que réfléchir à ce que peut-être une journée idéale, comme le suggère Jason Womack, est utile en ce sens que l'on peut ensuite, autant que faire se peut, essayer de modeler son emploi du temps, afin de se réserver des places de temps, qui permettent un travail de réflexion et d'intense concentration, pendant lesquelles on n'est pas interrompu. Une stratégie efficace peut-être ensuite de les intégrer dans son «hard landscape» pour reprendre l'expression utilisée par David Allen, c'est à dire son calendrier. S'il est bien rare de pouvoir isoler ainsi ne serait-ce qu'une précieuse période de 90 minutes de temps d'intense concentration dans l'entreprise d'aujourd'hui, réussir à le faire peut-être la source d'une performance accrue.
Merci Pascal (ta première phrase me fait rougir... 😉 ). Si je devais tendre vers une journée idéale, pour moi, ce serait davantage en termes de répartition du temps entre le travail prédéfini, les imprévus, et les temps de définition du travail. Par exemple, si j'étais chef de projet, ma journée idéale serait celle qui me laisserait la majeure partie de mon temps en mode "définition du travail", puis "gestion d'imprévu" et enfin de quoi faire le "travail prédéfini". Si j'étais codeur, mon idéal serait d'avoir la grande majorité de mon temps disponible pour le travail prédéfini, le reste pour les imprévus, et éventuellement un peu de définition. Quant à trouver du temps pour soi, c'est clairement un grand boost de productivité... qui s'atteint de plus en plus en quittant carrément le lieu de travail pour éviter les interruptions !
Super article. Pour commentaire, n'ayant pas de journée "type" je me contenterai d'un commentaire factuel ou je vais tenter d'expliquer comment GTD à changé ma vie et ce qu'il m'apporte au quotidien dans ma "journée"
Dans mon métier l'immobilier d'entreprise (comme dans beaucoup de jobs) tout peut arriver et la masse d'information arrivant est considérable...
je pense que GTD n'est pas un système mais une série d'habitudes et un "catalyseur de décision et d'actions" Sa sagesse, c'est d'avoir séparé distinctement des phases de travail qui d"habitudes sont mélangées par la plupart des gens (ce qui provoque du stress et de l'inconfort voir chez certain le burn out).
GTD est ma boussole et mon assistant au quotidien. GTD au moment de la weekly review attire mon attention sur les sujets sensibles et sur ceux à éliminer ou reporter. Puis il me permet de planifier dans la semaine certains qui sont un peu complexes ou qui ont des échéances particulière mais aussi de surveiller attentivement le contrôle de mes objectifs et attentes diverses.
Donc et en résumé, GTD me permet de collecter cette énorme masse d'information quotidienne, d'en clarifier la substantifique moelle (rabelais) et de faciliter mes décisions, d'organiser cette information dans des conteneurs cohérents, de choisir, au bon moment, parmi l'ensemble de ces informations celles qui sont les plus capitales et enfin d'agir de façon cohérente en me concentrant uniquement sur ce que j'ai à faire.
GTD ne prend aucune décision à ma place, ni ne me dit ce que j'ai à faire. GTD est juste mon outil de cristallisation décisionnel et d'action.
En organisant un système cohérent GTD me permet simplement d'agir au bon moment quelque soit le système organisationnel utilisé (digital ou papier)
Excellente article et bonne question que je m'étais également posé quand je me suis lancé dans la pratique du GTD. La notion de contexte, que j'ai eu du mal à appliquer au départ, m'a beaucoup aidé à bien comprendre mes deux journées types, à savoir: quand je travaille et quand je ne travaille pas. Sachant que mon "efficience" à traiter mes activités (tâches/ ou rdv agenda) peut être filtrer pour le contexte dans lequel je me trouve précisément. Par exemple, si je travaille, j'ai deux contextes fixes qui sont @Office_Area, ou @Office_Client. Et des contextes "variables" : par exemple @Office_Computer. Je peux créer/supprimer des contextes "variables" en fonction de mes besoins. Quand je ne travaille pas (week-end, congés ou congé maladie), j'ai trois contextes fixes, à savoir: @Home, @Outside, @Visit_Family/Friends. Puis également des contextes "variables": par exemple @Home _Computer. Cette approche m'aidé à définir les places où je peux accomplir au mieux mes tâches (priorisées, ou next action).
L'un d'entre vous a t-il creuser cette approche de journée type à partir de la notion de contexte?
En ce qui me concerne, j'utilise à ce jour j'ai 26 contextes.